André Lambotte est né à Namur (Belgique) en 1943. Il vit et travaille dans les Ardennes. D’abord attiré par la musique (il fut musicien de jazz), c’est aux arts plastiques qu’il se consacre ensuite tout en restant un mélomane passionné.
En 1972, Josefa Knaepen écrit « il embarque dans l’aventure singulière d’un art basé sur le signe, le rythme, la structure, la répétition, la durée » (1) et entame ce qu’il nommera les Anthropographies, sortes d’écritures automatiques aux signes vaguement anthropomorphes tracés très spontanément à l’encre de Chine en registres superposés telle une page d’écriture.
C’est à cette époque qu’il fréquente assidûment Christian Dotremont et qu’il renonce à la peinture à l’huile pour l’encre de Chine, à la toile pour le papier et, du moins le plus souvent, à la couleur pour le noir et blanc.
Graduellement, ses Anthropographies se densifient et se délestent de la figuration, déjà toute relative, pour se métamorphoser en graphies abstraites privilégiant ainsi la structure, le rythme, la texture.
A partir de 1986, sans pour autant abandonner l’encre et le papier, André Lambotte revient progressivement à la couleur au moyen de traits de crayons (de couleur) qu’il superpose en de nombreuses strates « afin d’illuminer par le dessous le dessin (à l’encre) à venir ». (2)
La maîtrise de cette « technique mixte » permettra, entre 1987 et 1996 la réalisation d’importantes séries de grand format telles Terzetto, Continuo, Ostinato, très structurées, Partita, Pizzicato, plus aérées.
A partir de 1996, c’est au contraire d’une longue série de formes brèves, quoique très denses, les Fuscelli, qu’il est question tandis qu’entre 1999 et 2002, Le Travail de l’herbe se compose de dix‐sept variations dédiées à dix‐sept écrivains dont les textes ou fragments de textes, choisis dans la bibliothèque de l’artiste, présentent une relation directe ou indirecte avec les « épaisses couches du temps » que recouvre ce thème.
En 2005, une étape marquante est observée dans le travail d’André Lambotte, principalement à travers deux séries : Promenades à la Falaise Rouge en hommage au lettré chinois de l’époque Song Su Dongpo et Arrière‐saison. Ces pièces se démarquent sensiblement des précédentes non seulement parce que la couleur y joue un rôle primordial mais surtout par le renoncement, peut‐être provisoire, à la référence plus ou moins implicite à la ligne d’écriture quasi invariable depuis 1972. André Lambotte, note Claude Lorent, « s’offre ici comme une nouvelle liberté, un champ d’exploration désormais infini ». (3)
Ce traitement frémissant de la surface colorée, explorant avec obstination les lisières ténues de l’espace et du temps, s’accentue davantage encore avec la suite très musicale des Textures, initiée en 2007 dont les polyrythmies, les micro‐intervalles graphiques et chromatiques servent un lyrisme d’autant plus rare qu’il ne donne pas immédiatement toute sa saveur mais invite discrètement chacun à en percevoir l’essence.
Aujourd’hui, André Lambotte, notamment dans les cycles La part des anges, Mudaï,Between the lines, Les Variations Kikuchi s’applique davantage encore à interroger la notion de temporalité à travers diverses variations qui traduisent, de manière très subtile bien que de plus en plus radicale, une expression à la fois minimaliste et maximaliste.
Depuis 1971, André Lambotte expose régulièrement dans nombre de galeries, musées, centres d’art contemporain… (Bruxelles, Cologne, Montréal, New‐York, Paris, Vienne…).
Il a été distingué au Prix de la Jeune Peinture belge en 1975 et 1979.
Ses œuvres figurent dans diverses collections publiques et privées (Autriche, Belgique, France, Israël, Japon, Luxembourg, Suisse, USA) et plusieurs publications lui sont consacrées.
Il est membre de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique.